Composé de compagnons de longue de date, tous virtuoses émérites de leurs instruments mais surtout musiciens possédant ce don rare de savoir ce que c’est que se fondre dans un collectif afin de façonner un authentique “son de groupe” (Régis Huby, intense, précis, constamment “chantant” ; Rémi Charmasson, tout en ellipses et projections sonores ; Christophe Marguet, pulsatif, coloriste) — Daniel Erdmann, ténor au son puissant, aussi à l’aise dans la tradition que totalement inventif) Ways Out embrasse dans son projet compositionnel un goût revendiqué pour les formes “en mouvement”, une attention aux timbres jouant résolument la carte de l’hybride en mêlant sonorités acoustiques et électriques et une tension rythmiques de tous les instants, empruntant ses énergies et ses grooves autant au jazz moderne qu’au rock.
Faisant le lien entre la sophistication langagière du post-jazz new-yorkais le plus contemporain dans son rapport à l’espace et au jeu collectif, le lyrisme incandescent du prog-rock des années 70 et la somptuosité mélodique de son propre univers mêlant constamment sensualité et abstraction, Claude Tchamitchian dans ce projet ambitieux dynamite les organisations orchestrales traditionnellement associées au quartet “de jazz” pour (s’)ouvrir de nouveaux horizons.
Avec cette musique spontanée, fondée sur l’énergie, se jouant des contraintes formelles pour mieux prendre la tangente et s’aventurer sur des territoires idiomatiques pluriels et métissés, Ways Out, entremêlant traditions et imaginaires avec une ineffable poésie et une superbe liberté, est une des petites formations les plus stimulantes du jazz européen actuel.